Réflexion perso et perspectives sur la ZAD et l’aéroport

Cela fait 3 ans que des militant(e)s, paysan(e)s, habitant(e)s de la ZAD, Zone d’Aménagement Différé, résistent au projet de construction de l’aéroport international de Notre Dame Des Landes en occupant les terres expropriées par l’état pour le compte de Vinci. Les Zadistes, qui ont rebaptisés la ZAD, Zone A Défendre, occupent des habitations abandonnées, construisent des maisons, des cabanes et utilisent ces 2 000 hectares de zone humide pour pratiquer des activités hors du système marchand capitaliste et faire vivre cette zone à la biodiversité riche : maraîchage, élevage, échanges de savoirs, …

Les habitant(e)s, paysan(e)s et militant(e)s luttent ensemble afin de stopper ce projet d’aéroport archaïque (la genèse du projet date de 1973, voir notamment le reportage sur le site http://acipa.free.fr/), qui malgré une déclaration d’utilité publique en 2003 restent une aberration économique, sociale, et écologique.

L’état et les collectivités ont usé de stratagèmes et de raisonnements irrationnels et tronqués afin d’imposer ce projet à une population manipulée. Les arguments avancés concernant la fréquentation de l’aéroport de Nantes, le nombre de rotation des avions, la sécurité, les nuisances sonores, l’emploi, et le nouveau projet à Haute Qualité Environnementale, ont été discrédités par de nombreuses analyses indépendantes. En effet, des études contradictoires invalident l’étude officielle et l’état a refusé d’effectuer des prospections sur d’éventuelles alternatives à ce projet pharaonique, comme la simple rénovation de l’aéroport actuel qui a reçu en septembre dernier le trophée ERA Award 2011-2012 du meilleur aéroport. Ces études montrent notamment que le bénéfice économique global, dressé à partir de la retranscription en Euros, de gains sur des paramètres multiples comme les temps de déplacements, les impacts sur l’environnement et l’attractivité de la région, a été largement surestimé. Tout comme les perspectives de développement du trafic aérien à Nantes sont déraisonnables aux vues des chiffres actuels de l’économie et du coût des énergies fossiles. Au contraire, le coût total du projet et de ses annexes (routes, transports en commun,…), soit environ 550 millions d’euros, a été largement sous-estimé. Il serait d’ailleurs pertinent de dresser un parallèle avec les projets du type EPR, viaduc de Millau ou encore tunnel sous la manche … dont les équilibres économiques calculés à la base se sont avérés totalement erronés.

Cet aéroport, dont la construction et la concession pour 50 ans, sont attribués à Vinci n’a pour but que de permettre une affaire juteuse pour cette entreprise privée et de satisfaire une bourgeoisie locale et un pouvoir mégalomane faisant passer leurs intérêts personnels avant le bien commun. De fortes suspicions de conflits d’intérêts ont d’ailleurs été soulevées sur ce dossier (Le contre argumentaire sur ce projet est repris de manière quasi exhaustive sur le site : http://www.pierrederuelle.com/).

Mais en dehors de ces considérations et argumentations techniques et économiques sur le terrain capitaliste, c’est la logique d’organisation sociétale que nous devons contester. De même, cette lutte contre l’aéroport ne peut être réduite à des enjeux de préservation environnementale ou de danger climatique, aussi importants soient-ils. Pour les paysan(e)s, sans-terres, habitant(e)s, et militant(e)s, il s’agit de lutter contre l’accaparement des terres agricoles, la privatisation, la spéculation, les logiques de rentabilité pour quelques-uns au détriment du bien commun. Opposons-nous à tout nouveau désert bétonné ou dédié à l’agriculture industrielle. Le refus qui s’exprime aujourd’hui symbolise l’opposition à tous ces projets productivistes imposés, en France et ailleurs.

Ce projet reflète le fonctionnement d’une société et d’un état au service du capital. Ainsi cette contestation est également la contestation d’une république et d’une pseudo démocratie vouées à disparaître.

Depuis le 16 octobre 2012, les gendarmes mobiles occupent la Zone A Défendre, expulsent et détruisent des habitations. La force publique d’occupation militaire à la solde de Vinci, une entreprise privée, a recours quotidiennement à une violence extrême. Des centaines de blessé(e)s sont recensé(e)s, dont quelques cas graves. Les grenades de désencerclement sont utilisées systématiquement et peuvent occasionner des blessures équivalentes à une balle de pistolet. Les Zadistes mènent une lutte à vocation pacifiste. Mais face à la répression sanglante, nous protégerons leurs lieux de vie par tous les moyens et resterons déterminés à stopper ce projet. Ils détruisent, nous reconstruisons, ils évacuent, nous réoccupons, ils frappent, gazent, et bombardent, nous ripostons, ils nous emprisonnent, nous détruirons les prisons. Au droit nous opposons la légitimité, à la violence et la répression nous répondons par la solidarité. Dans cette bataille, au cœur de ce bocage que nous protégeons, nous serons victorieux parce que nous défendons des causes justes. Et ce combat sera livré partout. La ZAD est partout. L’aéroport ne se fera pas. La ZAD, Zone d’Autonomie Définitive, vivra !

Ainsi, nous devons exiger le retrait des forces militaires de la ZAD et l’arrêt immédiat du projet d’aéroport à Notre Dame Des Landes, ainsi que l’abandon des constructions des lignes à haute tension et de l’EPR, qui sont des entreprises toutes aussi abjectes.

Cette lutte est une étape fondatrice dans le combat contre l’exploitation, la dictature capitaliste, le libéralisme, la violence envers les humains et les animaux. Elle est une représentation, un symbole des combats à mener.

Nous sommes au cœur d’une convergence des luttes contre l’asservissement et l’exploitation du peuple et de son environnement. La Zone d’Autonomie Définitive exclue le capitalisme, le libéralisme, le productivisme, le salariat, le sexisme, le racisme, et toute forme de domination et de pouvoir.

Cette lutte a vocation à s’étendre. Les Zones d’Autonomie Définitives doivent se développer dans tout le pays et à l’échelle mondiale. A la fois, dans un schéma de lutte contre les projets inutiles et dévastateurs de nos gouvernements, et dans la perspective du développement d’une société basée sur des principes d’égalité, de liberté, de solidarité, d’autogestion, de collaboration avec un fonctionnement horizontal dans les prises de décision, et de respect de l’ensemble de la biodiversité.

Sur ces bases, les ouvrier(e)s, paysan(e)s, salarié(e)s, sans emploi(e)s, retraité(e)s, étudiant(e)s,…ont naturellement vocation à élargir ce mouvement de contestation, et à se mobiliser pour faire chuter les oligarques et les despotes du monde entier par l’intermédiaire de luttes visant à reprendre collectivement le contrôle de nos usines, de la production agricole, de l’éducation, de la santé, et de tous les secteurs vitaux à l’émancipation des peuples. Mettons en œuvre les mutations sociétales et développons une collaboration universelle entre les peuples. Et que ça saute !

La ZAD partout, par tous !